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Mon emploi me stresse, je m’endors difficilement le soir et j’ai l’estomac serré quand j’imagine une grosse journée. Mon responsable me dit que c’est normal et que le stress est moteur de performance, mais j’ai du mal à y croire. Comment réagir ? Dois-je continuer à supporter cette situation ?
Tout d’abord, il est important de différencier le stress aigu et le stress chronique car ils n’ont pas le même impact sur la santé. Le stress aigu est celui que vous pouvez ressentir face à une situation ponctuelle, comme une prise de parole en public, un entretien d’embauche ou une situation d’urgence. Une fois cet événement passé, le stress diminue et le corps revient à son état normal, d’où le terme “aigu”, qui renvoie à un pic de stress limité dans le temps, entraînant des effets désagréables mais passagers, sans conséquences sur la santé.
Une exposition constante au stress peut en revanche avoir des effets néfastes sur votre santé physique et mentale. Un stress quotidien, qui s’installe sur le long terme, favorise notamment les troubles du sommeil, les problèmes digestifs, les maladies cardiovasculaires. Le stress chronique constitue un risque psychosocial car il impacte les performances physiques, psychiques et cognitives.
À la CFTC, nous considérons que le stress au travail ne devrait pas être banalisé, ni considéré comme normal ou inévitable. Les employeurs ont la responsabilité de créer un environnement de travail sain pour leurs salariés et de mettre en place des mesures visant à prévenir le stress.
Si le stress chronique affecte votre vie quotidienne professionnelle et/ou personnelle, vous pouvez dans un premier temps consulter un professionnel de la santé mentale. Il faudra ensuite agir sur votre environnement de travail, et surtout sur l’organisation du travail, via la mobilisation de vos supérieurs, de vos responsables RH, de vos représentants du personnel, avec l’appui des professionnels de la médecine du travail, de la CARSAT, de votre centre de gestion si vous appartenez à la fonction publique territoriale, etc.
Par exemple, il peut être bénéfique pour tous de faire réaliser un diagnostic RPS complet au sein de votre entreprise car d’autres collaborateurs sont peut-être dans une situation identique à la vôtre et en attente de solutions. Il ne faut pas attendre l’apparition d’une maladie ou un “pétage de plomb” pour agir sur le stress au travail.
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On entend souvent parler des risques psychosociaux au travail, mais quelles sont les obligations des employeurs en la matière ?
L’employeur est tenu par la loi de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité de ses salariés et protéger leur santé physique et mentale (art. L. 4121-1 C. trav.). À ce titre, il doit évaluer les risques professionnels au sein de l’entreprise et mener des actions de prévention contre ces risques.
Si les risques psychosociaux n’apparaissent pas en tant que tels dans le Code du travail, ils font néanmoins partie intégrante des risques professionnels. L’employeur a donc l’obligation d’évaluer les risques psychosociaux au même titre que les autres risques, et de les répertorier dans le document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP).
À noter également que la loi oblige l’employeur à consulter les représentants du personnel (membres élus du CSE) lors de l’évaluation des risques psychosociaux.
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Quels sont les symptômes du burn-out ? Comment reconnaître un burn-out chez un collègue ou soi-même ?
Le burn-out ou l’épuisement professionnel découle des situations de stress chronique au travail (risque psychosocial). Il peut se reconnaître par de nombreux symptômes :
- Un sentiment de fatigue physique et mentale, un épuisement émotionnel, c’est-à-dire le sentiment de se sentir submergé par les événements, de ne plus pouvoir faire face au quotidien. Une personne en burn-out peut avoir du mal à se remettre des efforts physiques et mentaux liés au travail.
- Des émotions négatives, un détachement vis-à-vis du travail et des collègues. Des signes d'irritabilité, de frustration, d'hostilité ou de cynisme envers le travail peuvent également se manifester.
- Une perte de motivation. Les tâches qui étaient auparavant accomplies avec facilité deviennent difficiles, la motivation pour accomplir des tâches professionnelles et/ou personnelles tend à diminuer.
- Des difficultés relationnelles, avec les collègues, les supérieurs hiérarchiques ou les clients de l’entreprise. Le salarié peut chercher à se retirer socialement et à éviter les interactions au travail.
- Des symptômes physiques, tels que des maux de tête fréquents, des troubles du sommeil, des douleurs musculaires, des tensions, des problèmes digestifs, un affaiblissement du système immunitaire (affections virales fréquentes), etc.
- Des symptômes cognitifs (difficultés de concentration, troubles de la mémoire…).
Les symptômes du burn-out peuvent varier d’une personne à l’autre. Leur durée est également évocatrice, notamment si ces signes durent plusieurs semaines/mois et s’aggravent dans le temps.
Le sujet peut être délicat à aborder avec un collaborateur ou un proche, mais il est nécessaire d’en parler pour obtenir du soutien et des ressources auprès de professionnels. Le burn-out trouve sa source dans les risques psychosociaux et donc pour partie dans l’organisation du travail : il est possible d’agir sur ces facteurs afin de recréer des situations de travail saines.
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Comment savoir si je suis victime de harcèlement moral ?
Le harcèlement au travail se caractérise par des comportements répétés plutôt que par des incidents isolés. Si malgré une alerte à vos responsables hiérarchiques ou à la direction des ressources humaines, vous continuez d’être confronté de manière constante à des actions offensantes ou humiliantes de la part d’un ou de plusieurs collaborateurs, si vous subissez des traitements injustes ou discriminatoires, si quiconque tente de vous ridiculiser, de vous intimider ou de vous isoler des autres salariés, si la situation impacte votre bien-être physique et mental, vous pouvez vous rapprocher d’un professionnel soumis au secret médical comme le médecin du travail, le psychologue du travail ou un psychologue clinicien formé (ex. : réseau souffrance et travail).
Vous n’avez pas la possibilité d’aborder ce problème avec un supérieur ? Vous pouvez faire appel à un représentant du personnel ou au référent harcèlement s’il en existe un dans votre entreprise.
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Est-ce qu'une consultation chez le psychologue peut être efficace pour résoudre mon problème de harcèlement moral au travail ?
Un psychologue peut vous fournir un soutien émotionnel et vous permettre d’exprimer vos émotions. Il peut également vous aider à développer des techniques pour faire face à la situation et renforcer votre confiance en vous. Cependant, il ne pourra pas résoudre le problème de harcèlement moral auquel vous êtes confronté au travail car il s'agit d'un sujet complexe impliquant plusieurs versants : relationnel, organisationnel et juridique. Il faut mobiliser toutes les ressources pour résoudre le problème.
Si vous êtes victime de harcèlement moral, signalez-le à votre responsable ou supérieur hiérarchique, au responsable des ressources humaines ou au référent harcèlement s’il en existe un dans votre entreprise. Tous sont tenus de mettre en place les mesures nécessaires pour prévenir les faits de harcèlement (art. L. 1153-5 C. trav.).
Nous vous recommandons, en parallèle, de rencontrer un représentant du personnel (membre élu du CSE) ou de contacter un syndicat. Auprès de la CFTC, vous pourrez obtenir des conseils concrets et être accompagné dans les démarches à entreprendre.