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    3 min pour comprendre

    Le travail illégal

    “Travail clandestin”, “travail dissimulé”, “travail non déclaré”, “travail au noir”… de nombreuses expressions du langage courant font référence, souvent de manière imprécise, au travail illégal. Concrètement, quelles sont les pratiques interdites par la loi ? Que risque l’employeur qui recourt au travail illégal ? Le salarié peut-il être sanctionné ? La CFTC vous explique l’essentiel !

    Publié le 17. 09. 25 . Mis à jour le 17. 09. 25

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    "Un projet de loi relatif à la lutte contre les fraudes sociale et fiscale” est susceptible d’être prochainement examiné par le parlement. Le contenu ci-dessous peut donc être amené à évoluer très prochainement.

    Qu’est-ce que le travail illégal ?

    La notion de travail illégal renvoie à un ensemble de situations contraires à la loi en matière d’emploi. Le plus souvent, la tâche effectuée est en elle-même légale mais s’exerce en méconnaissance des règles encadrant la création ou la pratique d’une activité professionnelle, l’embauche de salariés, le prêt de main-d’œuvre, etc.


    La majorité de ces fraudes constituent des infractions pénales. Elles sont commises dans l’intention de se soustraire aux obligations fiscales, sociales et/ou concurrentielles en vigueur. 

    La lutte contre le travail illégal constitue une priorité nationale tant ses répercussions sont lourdes et multiples : 

    • pour les salariés, dont les droits sont bafoués ;
    • pour les entreprises en règle, qui subissent une concurrence déloyale ;
    • pour la collectivité, privée des cotisations et impôts qui lui sont dus.

    Un plan national de lutte contre le travail illégal (PNLTI) est défini tous les 5 ans.

    Quelles sont les formes de travail illégal ?

    La loi identifie 6 infractions relevant du travail illégal.


    • Le travail dissimulé

    C’est la forme la plus courante, qui correspond au fait de dissimuler intentionnellement une activité ou tout ou partie d’un emploi salarié. Cette dissimulation peut résulter de l’absence d’immatriculation ou de déclaration préalable à l’embauche, de l’omission des déclarations sociales et fiscales, de l’utilisation de faux statuts, d’une sous-déclaration des heures effectivement rémunérées etc.


    • L’emploi d’étrangers non autorisés à travailler

    Il est interdit de faire travailler un étranger non muni d’un titre l'autorisant à exercer une activité salariée en France, mais aussi d’employer un étranger dans une catégorie professionnelle, une profession ou une zone géographique autre que celle mentionnée sur son autorisation de travail. 


    • Le marchandage 

    On parle de marchandage lorsqu’un prêt de main-d'œuvre à but lucratif cause préjudice au salarié mis à disposition (ex. : écart de rémunération avec les salariés de l’entreprise utilisatrice, maintien d’un statut précaire…) ou bien contourne les dispositions prévues par la loi ou la convention collective applicable.


    • Le prêt illicite de main-d’œuvre

    Cette infraction est caractérisée lorsqu'une opération a pour objet exclusif le prêt de main-d'œuvre à but lucratif (hors cas prévus par la loi), c’est-à-dire lorsque l’entreprise prêteuse facture à l’entreprise utilisatrice davantage que les salaires versés au salarié et les charges sociales afférentes ou, à l’inverse, ne lui facture pas l’intégralité de ces sommes.


    • Le cumul irrégulier d’emplois

    Un salarié peut en principe cumuler plusieurs emplois mais ne peut pas effectuer de tâches rémunérées au-delà des durées maximales de travail applicables à sa profession, sauf exceptions (ex. : travaux d’extrême urgence). Toute personne recourant aux services d’un salarié qui méconnaît cette limite commet elle aussi une infraction.


    • La fraude aux revenus de remplacement 

    C’est le fait de percevoir ou tenter de percevoir, indûment et en toute connaissance de cause, certaines prestations : les allocations chômage (ARE, ASS…), l’allocation d’activité partielle, les aides aux actions de reclassement et de reconversion professionnelle attribuées par convention. 


    Quels sont les secteurs concernés ?

    En matière de travail illégal, il n’existe pas de profil type de salarié ou d’employeur. Néanmoins, le taux de recours au travail illégal est plus élevé dans certains secteurs d’activité : l’hôtellerie-restauration, le BTP, le gardiennage, les services à la personne, le commerce de détail alimentaire, l’agriculture… Il s’agit souvent d’emplois peu ou pas qualifiés, faiblement rémunérés, ciblant des travailleurs précaires. 

    Nouveau

    Particulièrement exposés aux situations de travail dissimulé (“faux indépendants”), les travailleurs des plateformes numériques (services de livraison, VTC, petits travaux…) sont de plus en plus nombreux à réclamer le statut de salarié. La directive européenne du 23 octobre 2024 relative à l’amélioration des conditions de travail via les plateformes prévoit désormais une présomption de salariat au bénéfice du travailleur, visant à faciliter la requalification de la relation en contrat de travail. 

    Qui contrôle le travail illégal ?

    Le Code du travail établit la liste des acteurs habilités à rechercher les infractions relevant du travail illégal, en fonction de la nature et de la gravité des faits, de leur contexte, etc. Les agents compétents sont notamment :


    • les agents de contrôle de l’inspection du travail (DREETS) ;
    • les officiers et agents de police judiciaire ;
    • les agents des impôts et des douanes ;
    • les agents des organismes de sécurité sociale et des caisses de mutualité sociale agricole (dont l’Urssaf) ;
    • les agents de France Travail chargés de la prévention des fraudes.

    La loi dresse également la liste des moyens qui leur sont attribués, parmi lesquels : 


    • la liberté d’accéder aux locaux et établissements ;
    • la liberté d’exiger tout document de l’employeur (déclarations, devis, bons de commande, factures…) ;
    • le droit d’auditionner un employeur, son représentant ou toute personne ayant été rémunérée par l’employeur.

    À savoir

    Le pouvoir de ces agents se déploie dans les limites de leurs compétences respectives et du périmètre qui leur est ouvert pour effectuer leurs contrôles. Par exemple, seuls les agents de “l’inspection du travail” sont compétents pour constater le cumul irrégulier d’emplois.

    Que risque l’employeur qui recourt au travail illégal ?

    L’employeur qui place ses salariés en situation de travail illégal, en dissimulant leur activité ou en pratiquant le marchandage par exemple, commet un délit. Selon les cas, il peut être condamné à des sanctions pénales (peine d’emprisonnement, amende), civiles (redressement de cotisations, annulation des exonérations ou réductions précédemment accordées) et/ou administratives (fermeture provisoire, inéligibilité aux aides publiques…). 

    Attention

    D’autres personnes que l’auteur direct du délit peuvent être condamnées, notamment tout complice ayant sciemment contribué à la mise en place du travail illégal. Dans le cas du travail dissimulé, le donneur d'ordre ou le maître d'ouvrage qui recourt aux services du mis en cause est lui aussi passible de lourdes peines.

    Le salarié peut-il être sanctionné ?

    Un salarié ne peut en principe pas être poursuivi pour travail illégal, sauf s’il a cumulé de façon irrégulière plusieurs sources de revenus.


    Par exemple, si le salarié a accepté, de manière intentionnelle, de travailler sans que les formalités requises aient été accomplies par son employeur, dans le but de percevoir indûment des allocations chômage ou des prestations sociales, cette information sera portée à la connaissance des organismes concernés. Ceux-ci pourront réclamer le remboursement des montants versés et engager des sanctions pour fraude aux prestations. 

    Attention

    Dans certains cas, la fraude aux revenus de remplacement peut constituer un délit d'escroquerie, sanctionné par 7 ans d’emprisonnement et 750 000 € d’amende. 

    Quels sont les droits du salarié en cas de travail illégal ?

    La protection des victimes est l’un des enjeux majeurs de la lutte contre le travail illégal. Les salariés placés en situation irrégulière par leur employeur ont des droits prévus par le Code du travail, qu’ils peuvent faire valoir devant les juridictions compétentes. 


    Le salarié dont l’activité n’a pas été déclarée a notamment droit à une indemnité forfaitaire égale à 6 mois de salaire lors de la rupture de son contrat de travail (démission ou licenciement). Cette indemnité est cumulable avec l’indemnité pour licenciement sans cause réelle et sérieuse, ainsi qu’avec le versement de dommages et intérêts si le salarié s'engage dans la voie contentieuse.


    Les travailleurs étrangers employés illégalement ont eux aussi des droits : indemnité forfaitaire de 3 mois de salaire lors de la rupture du contrat (cette indemnité est portée à 6 mois de salaire si le travail n’était pas déclaré), titre de travail temporaire en cas d’exploitation par le travail et de procédure pénale, etc.

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