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    Dossier

    PDV, PSE, RCC, APLD-R, APC… Quelles solutions pour les entreprises en cas de crise ?

    PDV, PSE, RCC, APLD-R, APC… Derrière ces sigles, se cachent différents dispositifs actionnables par les entreprises qui rencontrent des difficultés et doivent réduire leurs effectifs ou restructurer leur activité. Dans quelles situations peuvent-ils être mis en place ? Comment l’employeur doit-il procéder ? Quels sont les droits des salariés ? La CFTC vous présente en détail les solutions à la disposition des entreprises en cas de crise.

    Publié le 22. 10. 25 . Mis à jour le 23. 10. 25

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    Plan de départ volontaire (PDV

    Le plan de départ volontaire (PDV) permet aux entreprises qui font face à des difficultés économiques de réduire leurs effectifs en proposant aux salariés des ruptures de contrat à l’amiable. Il est également possible dans les entreprises qui ont besoin de se restructurer, après une fusion ayant entraîné des doublons de postes par exemple.


    Ce dispositif basé sur le volontariat des salariés, non réglementé par le Code du travail, permet d’éviter des licenciements économiques ou d’en limiter le nombre.

    Mise en place du PDV

    Le plan de départ volontaire peut être adopté par décision unilatérale de l'employeur (après consultation du CSE). La négociation d’un accord collectif n’est pas obligatoire, même si elle est souvent privilégiée.  


    L’employeur fixe le nombre de départs envisagés, ainsi que les secteurs et postes concernés. Il lance ensuite un appel au volontariat, par le moyen de son choix, individuel ou collectif (par affichage dans les locaux de l’entreprise par exemple). 

    À savoir

    Si le nombre de salariés volontaires excède le nombre de postes à supprimer, l’employeur doit fixer des critères d’ordre qui permettront de départager les candidats et d’accepter ou non leur départ.

    Conséquences du PDV et droits des salariés

    Le contrat de travail du salarié est rompu d'un commun accord, sans obligation de préavis ni de reclassement par l’employeur. Il ne s’agit ni d’une démission, ni d’un licenciement. 


    Le salarié a alors droit à :

    • une indemnité de rupture (au moins égale à l’indemnité légale de licenciement) ;
    • une indemnité compensatrice de congés payés (s’il n’a pas posé l’intégralité des jours de congés acquis à la date de la rupture) ;
    • des mesures d’accompagnement (si le plan en prévoit) ;
    • une allocation chômage (s’il remplit les conditions d’indemnisation de l’Assurance chômage).

    Information de l’administration

    L’employeur doit informer la DREETS de toutes les ruptures de contrats intervenues dans le cadre du PDV.

    Attention !

    Dans les entreprises d’au moins 50 salariés, si le nombre de départs envisagés dans le cadre du PDV est égal ou supérieur à 10 sur une période de 30 jours, l’employeur est tenu de déclencher un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) et d’en informer la DREETS. On parle alors de PDV mixte intégré au PSE (par opposition au PDV autonome) : la priorité est donnée à des départs volontaires, mais des licenciements économiques peuvent intervenir en cas de départs volontaires insuffisants.

    Plan de sauvegarde de l'emploi (PSE)

    Le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) est un ensemble de mesures sociales et économiques visant à atténuer les effets d'un plan de licenciements économiques.


    Sa mise en place est obligatoire dans toutes les entreprises d’au moins 50 salariés dès lors que le plan de licenciements concerne au moins 10 salariés sur une période de 30 jours.

    Mise en place du PSE

    Le PSE peut être mis en place par décision unilatérale de l’employeur ou par accord collectif négocié avec les syndicats représentatifs des salariés (ayant recueilli au moins 50 % des suffrages exprimés au 1er tour des précédentes élections professionnelles).

    Attention !

    La mise en œuvre d'un PSE est une procédure lourde, qui oblige l’employeur à informer et consulter le CSE. En cas d’accord collectif, les représentants du personnel sont consultés sur le projet de restructuration et ses conséquences. En cas de décision unilatérale, ils doivent également rendre leur avis sur le contenu du PSE en lui-même. 

    Contenu du PSE et droits des salariés

    Le PSE doit prévoir des mesures concrètes pour limiter les licenciements et favoriser le reclassement des salariés, notamment :

    • des offres de reclassement interne sur des postes équivalents (ou sur des postes de catégorie inférieure sous réserve que le salarié donne son accord écrit), au sein de l'entreprise ou du groupe, en France ;
    • des aides au reclassement externe (cellule de reclassement, actions de formation, de VAE ou de reconversion) ;
    • des aides à la création ou reprise d'entreprise (aides financières et/ou mesures d’accompagnement) ;
    • des dispositifs et congés spécifiques, dont les conditions de mise en œuvre du CSP (contrat de sécurisation professionnelle) dans les entreprises de moins de 1 000 salariés (et les entreprises de 1 000 salariés et plus en redressement ou liquidation judiciaire) ou du congé de reclassement dans les entreprises de 1 000 salariés et plus.

    Si le reclassement interne du salarié n’est pas possible, le contrat de travail est rompu selon la procédure du licenciement économique. Le salarié licencié a notamment droit à une indemnité légale ou conventionnelle de licenciement, à une indemnisation chômage (sous conditions), ainsi qu’à une priorité de réembauche.


    À savoir

    Le PSE doit également définir les critères d’ordre des licenciements. Le salarié licencié pourra demander la communication de ces critères par lettre recommandée avec accusé de réception à son employeur, dans un délai de 10 jours à compter de la date de rupture de son contrat.

    Contrôle de l’administration

    Tout au long de la procédure, l’employeur est tenu de transmettre à la DREETS l’ensemble des documents relatifs au PSE. Celle-ci peut formuler des observations et des propositions visant à améliorer le PSE, lesquelles doivent alors être portées à la connaissance des salariés par voie d’affichage.


    Une fois établi, le PSE doit être soumis à la DREETS pour validation ou homologation. 

    Attention !

    La notification des licenciements n’est possible qu’après validation du PSE par la DREETS (en cas d’accord collectif) ou homologation du PSE par la DREETS (en cas de décision unilatérale, nécessitant un contrôle renforcé). Si le PSE est refusé, l’employeur doit y apporter les modifications nécessaires, consulter à nouveau le CSE, et présenter une nouvelle demande de validation ou d’homologation à l'administration. 

    Dans un délai d’un mois suivant la fin du déploiement des mesures de reclassement, l’employeur doit adresser à la DREETS un bilan de la mise en œuvre effective du PSE.

    Rupture conventionnelle collective (RCC)

    La rupture conventionnelle collective (RCC) est un mode de rupture à l'amiable offrant une alternative au licenciement économique collectif et ne nécessitant pas de justification économique.


    Ce dispositif repose exclusivement sur le volontariat des salariés, à la différence du PSE et du PDV mixte. Si le nombre de volontaires est insuffisant, l’employeur ne peut pas procéder à des licenciements économiques pour atteindre le nombre de départs envisagés.

    Mise en place de la RCC

    La RCC est obligatoirement mise en place dans le cadre d'un accord collectif (contrairement au PDV qui peut aussi être enclenché unilatéralement par l’employeur). Elle est possible dans toutes les entreprises, quel que soit leur effectif. 

    À savoir

    L’accord négocié entre l’employeur et les syndicats s’applique collectivement et fixe un cadre commun dans une logique de réduction des effectifs de l’entreprise. La RCC se distingue en cela de la rupture conventionnelle individuelle, directement négociée entre un salarié et son employeur et s’appliquant au cas par cas. 

    Les représentants du personnel doivent être consultés si le projet de RCC impacte le fonctionnement général de l’entreprise (réorganisation, mesure de nature à affecter le volume ou la structure des effectifs...). L’accord fixe lui-même les conditions d’information du CSE.


    Une fois validée par l’administration, la RCC est communiquée aux salariés par voie d’affichage ou par tout autre moyen au choix de l’employeur. Les salariés peuvent alors se porter volontaires par écrit, selon les modalités définies dans l'accord.

    Contenu de la RCC et droits des salariés

    L’accord portant rupture conventionnelle collective doit notamment prévoir :

    • le nombre maximal de départs envisagés ;
    • les conditions à remplir pour pouvoir en bénéficier (ancienneté, catégorie professionnelle...) ;
    • les critères de départage qui s’appliqueront si le nombre de candidats dépasse le nombre maximal de départs ; 
    • les modalités de calcul des indemnités de rupture (qui ne peuvent être inférieures à l'indemnité légale de licenciement) ;
    • des mesures d'accompagnement (formations, VAE, aides à la création ou reprise d’entreprise…).

    En outre, le salarié dont le contrat est rompu dans le cadre d’une RCC perçoit l'ensemble des sommes dues par l'employeur à la date de la rupture (salaire, primes, indemnité compensatrice de congés payés…) et bénéficie, s’il en remplit les conditions, d’une indemnisation chômage

    Contrôle de l’administration

    La DREETS doit être informée du projet de RCC dès l’ouverture des négociations. L’accord adopté est ensuite soumis à sa validation.

    À savoir

    Le contrôle de l’administration est ici plus léger que dans le cadre d’un PSE. La DREETS vérifie principalement que la procédure a été respectée, que l'accord a été signé par des syndicats majoritaires (ayant obtenu plus de 50 % des suffrages aux dernières élections professionnelles), que les clauses obligatoires y figurent (nombre de départs, conditions, indemnités…) et que le recours au dispositif n'a pas pour but de contourner les règles du licenciement économique.

    Activité partielle de longue durée rebond (APLD-R)

    Face à la dégradation de la conjoncture économique et à l’augmentation du volume des restructurations et défaillances d'entreprises, l’activité partielle de longue durée “rebond” (APLD rebond ou APLD-R) vise à soutenir les entreprises qui font face à une baisse durable d’activité ne compromettant toutefois pas leur pérennité. Ce nouveau dispositif reprend le fonctionnement de l’activité partielle de longue durée mise en place à la suite de la crise sanitaire.


    Avec l’APLD rebond, l’employeur peut réduire le temps de travail de ses salariés pendant 18 mois maximum (consécutifs ou non, sur une période de référence de 24 mois consécutifs). En contrepartie, il doit s'engager sur le maintien de l'emploi et, de manière générale, prévoir des actions de formation pour les salariés concernés.

    À savoir

    La réduction de l’activité est limitée à 40 % de la durée légale ou collective du travail (ou 50 % sur dérogation de l'administration en cas de situation économique particulière). Elle s'apprécie pour chaque salarié, sur la durée totale de l'accord, et peut entraîner la fermeture temporaire d'un service ou de toute l'entreprise.

    Mise en place de l’APLD rebond

    L’APLD rebond peut être instaurée par accord collectif ou par décision unilatérale de l’employeur si l'entreprise est couverte par un accord de branche étendu. Elle est mise en œuvre par périodes d'autorisation de 6 mois maximum, renouvelables (dans la limite de 18 mois sur 24 mois consécutifs). 


    L’accord ou le document unilatéral doit contenir un certain nombre de mentions obligatoires (date de début et durée d’application, activités et salariés concernés, réduction maximale de la durée du travail, modalités d’information du CSE, engagements en matière d’emploi et de formation professionnelle…) et présenter, en préambule, un diagnostic de la situation de l’entreprise. 

    Attention !

    L'employeur qui souhaite mettre en place l'APLD rebond par décision unilatérale doit préalablement consulter le CSE.

    Conséquences de l’APLD rebond et droits des salariés

    Le contrat de travail du salarié est maintenu. Il n’est jamais rompu du seul fait de l’APLD rebond.


    Pour chaque heure chômée, le salarié perçoit une indemnité égale à 70 % de son salaire brut. Ce montant est plafonné à 4,5 fois le Smic en vigueur et ne peut être inférieur à 9,40 € par heure. 


    De son côté, l’employeur reçoit une allocation de l’État, venant couvrir une partie de l’indemnité versée au salarié. 

    À savoir

    Si le salarié suit une formation durant les heures chômées, son indemnisation peut être portée à 100 % de son salaire net.

    Contrôle de l’administration

    La DREETS est l'administration compétente pour valider l'accord collectif ou homologuer le document unilatéral mettant en place le dispositif d'APLD rebond dans l’entreprise.


    Elle vérifie la conformité de l'accord ou du document aux règles légales, concernant la réduction du temps de travail, les garanties de maintien dans l'emploi, les mesures de formation, etc.

    Attention !

    Au terme de chaque période d'APLD rebond (6 mois maximum), l'employeur doit transmettre à la DREETS un bilan du dispositif, relatif notamment à ses engagements en matière d’emploi et de formation. L’employeur qui n’a pas respecté ses engagements en faveur du salarié, ou qui a dépassé la réduction maximale de la durée du travail, peut être sanctionné (non-renouvellement de l’APLD rebond, remboursement des allocations perçues…). 

    Accord de performance collective (APC)

    L’accord de performance collective (APC) est un accord collectif par lequel l'entreprise peut aménager la durée du travail, les rémunérations et les conditions de mobilité interne afin de s'adapter à des contraintes économiques ou de préserver l'emploi.


    L'APC est un outil de flexibilité pour l'entreprise. Il lui permet d'adapter les contrats de travail pour éviter d'avoir recours, par la suite, à des licenciements.

    Attention !

    Les mesures d’aménagement négociées dans le cadre de l’APC doivent respecter les dispositions légales ou conventionnelles. Par exemple, l’accord peut réduire ou supprimer des primes, mais les rémunérations doivent rester conformes à la grille des minima hiérarchiques fixée par la convention collective applicable.

    Mise en place de l’APC

    Toutes les entreprises peuvent négocier un APC, quel que soit leur effectif. 


    Si la loi n’impose pas de clauses obligatoires, l’accord doit néanmoins préciser ses objectifs en préambule et fixer les engagements de l’employeur à l’égard des salariés concernés. Il peut notamment prévoir : 

    • une diminution de la rémunération des dirigeants en contrepartie des efforts demandés aux salariés ;
    • la manière dont l’équilibre des temps de vie (conciliation entre la vie professionnelle et la vie personnelle des salariés) sera préservé ; 
    • un accompagnement des salariés en matière d’emploi et de formation (actions de formation, abondement du CPF…) ; 
    • les modalités d’information des salariés pendant toute la durée de son application. 

    L’APC n’est pas soumis à la validation de la DREETS.

    À savoir

    Le CSE n’est pas consulté sur la mise en place de l’accord, mais sur ses conséquences en cas d’impact sur le fonctionnement général de l’entreprise (réorganisation, mesures de nature à affecter le volume ou la structure des effectifs...).

    Conséquences de l’APC et droits des salariés

    Chaque salarié est informé par l’employeur (par tout moyen daté, généralement par lettre recommandée avec avis de réception ou lettre remise en main propre contre décharge) de l’existence et du contenu de l’APC, ainsi que de la possibilité d’accepter ou non l’application de cet accord.


    Le salarié a alors 1 mois pour faire connaître son refus par écrit à l’employeur. En l’absence de refus passé ce délai, les aménagements prévus par l’accord en matière de rémunération, de temps de travail et/ou de mobilité s'appliquent au salarié. 


    Les stipulations de l'accord se substituent automatiquement aux clauses contraires et incompatibles prévues par le contrat de travail, sans nécessiter d’avenant. C'est là la principale spécificité de l'APC.

    Attention !

    Le salarié qui refuse l'application d'un accord de performance collective peut être licencié. Ce licenciement d'un type particulier, dit "sui generis", n'est ni un licenciement pour motif économique, ni un licenciement pour motif personnel. Il ouvre droit aux indemnités légales ou conventionnelles et à l’assurance chômage. Le salarié licencié bénéficie également d’un abondement de son CPF.

    Le refus du salarié n'entraîne pas systématiquement la rupture du contrat de travail : l’employeur peut décider de ne pas le licencier. Dans ce cas, le contrat se poursuit normalement, sans application de l'APC.

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