La reconnaissance d’une lésion professionnelle
Le harcèlement moral au travail est un facteur de stress intense. Il peut faire naître chez le salarié qui le subit un état dépressif, de l’anxiété, des troubles du comportement et du sommeil, des maladies cardiovasculaires… Dans les cas les plus graves, l’altération de la santé mentale du salarié peut aussi le conduire au suicide.
Toutefois, le harcèlement moral ne figure pas dans le tableau des maladies professionnelles. Quand le lien avec le travail est établi, l’altération de la santé physique ou mentale, le suicide ou la tentative de suicide peuvent être reconnus comme accidents du travail, mais plus difficilement comme maladie professionnelle.
Dans les cas où l’origine professionnelle de la lésion est reconnue, il est possible d’agir en reconnaissance de la faute inexcusable de l’employeur. Cette faute résulte d’un manquement de l’employeur à son obligation de sécurité.
La reconnaissance du préjudice subi devant les tribunaux
L’employeur a la double obligation de prévenir le harcèlement (art. 1152-4 C. trav.) et d’empêcher qu’un salarié le subisse (art. 1152-1 C. trav.). En raison de cette distinction, la méconnaissance de chacune de ces obligations, lorsqu'elle entraîne des préjudices distincts, peut ouvrir droit à des réparations spécifiques (Cass. soc. 19/11/2014, n° 13-17729).
La responsabilité de l’employeur peut également être mise en cause au titre de l’article
1242 du Code civil qui rend les employeurs “commettants” responsables des dommages causés par leurs salariés “préposés” dans l’exercice de leurs fonctions.
Le salarié victime de harcèlement doit engager une procédure devant le conseil de prud’hommes contre son employeur, même si ce dernier n'est pas l'auteur direct du harcèlement. Dans ce cas, l’employeur sera jugé pour ne pas avoir protégé la salarié contre le harcèlement (Cass. soc. 21/06/2006, n° 05-43914).
Le salarié victime peut aussi poursuivre au pénal l'auteur direct du harcèlement.
Cette plainte peut venir en complément d'une action aux prud'hommes contre l’employeur. Par exemple, la victime peut poursuivre son employeur aux prud'hommes et l'auteur du harcèlement (collègue, responsable hiérarchique, client, fournisseur ...) au pénal.
Le salarié harcelé par d’autres salariés peut également saisir directement le tribunal correctionnel sur le fondement de l’article 222-33-2 du Code pénal. La responsabilité civile de l’employeur pourra toujours être mise en cause au titre de l’article 1242 du Code civil (Cass. crim.13/11/2018, n° 17-81398) et au titre du manquement à son obligation de sécurité (la victime pouvant demander des dommages-intérêts devant la juridiction pénale si elle se porte partie civile).